La Forme d'une ville...   Projet participatif de territoire mêlant collecte d'archives, écriture et spectacle   Norman Barreau-Gély 

La vie de nos territoires est rythmée par des changements : la réouverture d'une bibliothèque, la disparition d'une maison emblématique d'un quartier, le questionnement sur l'aménagement d'un terrain... À travers ces bouleversements, qu'ils soient infimes ou de grande envergure, c'est la mémoire que l'on interroge, ce sont les souvenirs que l'on convoque, que l'on cherche à partager, à transmettre. Notre environnement est source de repères et l'on est souvent sujet à s'étonner, à s'émouvoir quand le cadre de vie que l'on croyait immuable change, se modifie, se transforme. Notre rapport à la nostalgie est ainsi questionné, ainsi que notre faculté à appréhender l'avenir. Alors que l'on prévoit au sein de la commune ou du quartier un bouleversement prochain, La Forme d'une Ville... accompagne cette mutation grâce à la collecte et à la mise en scène d'archives liées au territoire. Du lien social pour ainsi faire vivre le passé, mieux appréhender l'avenir. Apprendre sur sa commune, son architecture, mais aussi partager ses connaissances érudites ou sensibles.

Un projet en trois étapes 

• Une collecte : chacun apporte une photographie, une anecdote, un souvenir, une chanson, un film, un témoignage personnel en lien avec le territoire promis à un changement. On fait appel aux habitants mais aussi aux associations, aux archives de la Ville et du Département, à la presse locale, aux architectes et urbanistes en charge du réaménagement du site...

Notre partenaire privilégié, la Cinémathèque de Bretagne nous a donné à accès à un ensemble de films amateurs sur le quartier Chantenay, tournés entre 1940 et 1975. Ces films muets offrent un regard singulier sur le quartier et leur absence de son libère la parole, provoque le commentaire. Chacun.e pose ses souvenirs, ses espoirs, ses réflexions sur le film qui se déroule devant ses yeux et devient alors bonimenteur ou bonimenteuse. 

• Un atelier d'écriture : afin de valoriser cette collecte vers un travail théâtral, un atelier d'écriture s'organise. Aidés par le corpus de films de la Cinémathèque de Bretagne, on écrit les commentaires qui viendront les habiller. On apprend le mot "diégétique" et on se demande alors si notre boniment est "intradiégétique" (intérieur à l'action, entendu par les personnages) ou "extradiégétique" (propre à une voix off). On invente alors le dialogue entre deux ouvrières de l'usine Armor puis on laisse voguer son imaginaire le long des épaves repêchées dans la Loire.

• Un travail théâtral et une restitution scénique : par la voix des participants, le travail d'écriture prend corps et s'inscrit dans une mise en scène. On répète avec les comédiens et danseurs d'Alambic' pour monter un véritable théâtre documentaire, pour faire exister en corps et en voix les textes écrits précédemment dans un spectacle total. L'écran permet de montrer les films de la Cinémathèque de Bretagne et les boniments s'organisent, en mots et en corps.